Casse-tête marquisien


Mardi 17 septembre, Espace Tajan, Tajan SVV. 
Iles Marquises, massue U’u, bois sculpté de motifs géométriques, h. 140 cm.
Frais compris : 20 400 €.
Casse-tête marquisien
L’art océanien connaît vers 1880 un renouveau, l’esthétique des formes cédant le pas à la décoration. Les artistes marquisiens parent alors de multiples motifs ornementaux symboliques des plats, des pagaies, des manches d’herminettes… En raison de son isolement et de son éloignement, l’archipel des îles Marquises a su maintenir un savoir-faire et des traditions fortes. Alliant le sacré et l’utilitaire, les objets font partie du quotidien. C’est le cas des massues qui, également appelées casse-têtes, étaient recherchées des premiers explorateurs du Pacifique tel Pierre-Adolphe Lesson. Originaire de Rochefort, ce dernier fut de 1843 à 1849 chef du service de santé des Établissements français de l’Océanie aux Marquises. Il fit don de sa collection d’objets ethnographiques à sa ville natale. Provenant de cette dernière, une massue U’u est aujourd’hui exposée au musée d’art et d’histoire municipal. Arme de combat et objet de prestige, elle était réservée aux souverains marquisiens. Dotée d’une fonction protectrice, elle était employée lors de combats entre des guerriers et des chefs de tribus. Si le corps fortement stylisé est réduit à l’essentiel, elle s’anime en revanche d’une tête de divinité, reproduite en plusieurs exemplaires. Les protubérances horizontales situées sur les côtés inspiraient la terreur aux ennemis et permettaient encore de les toucher efficacement. Provenant d’une succession régionale, notre spécimen, présentant des fentes, était attendu autour de 6 000 €. Vigoureusement sculptée, elle est proche de modèles qui sont figurés dans divers ouvrages dont Océanie, de Frank Herreman, édité en 2008. Bataillée ferme entre des musées, des particuliers et le négoce international, notre casse-tête rejoint la collection d’un amateur éclairé, largement au triple des estimations.

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